La guerre civile Algérienne contre le terrorisme :

La décennie noire est le nom donné à une guerre civile Algérienne qui eut lieu entre 1991 et 2002 et qui opposa le gouvernement Algérien contre différents groupes islamistes, qui tentaient de prendre le pouvoir pour imposer une république Islamique.

Contexte:

à la fin des années 1980, le Front de Libération Nationale (FLN) est le parti unique du pays depuis l’indépendance du pays, soit depuis 26 ans. 

L’insatisfaction de la population était croissante face à ce gouvernement dépassé qui bloquait le pays, et des manifestations ont eu lieu dans toutes les grandes villes Algériennes pour demander un changement.
Le président décide alors de proposer une nouvelle constitution qui abroge le parti unique, ce qui laisse alors place à de nombreux partis politiques, parmi lesquels figure le “Front Islamique du salut” (Le FIS), qui milite pour la création d’un Etat Islamique. 

L’arrivée des partis terroristes:

Ce parti, qui fut au coeur de la guerre civile, est un parti non-démocratique qui base sa constitution sur le Coran et souhaite renforcer le pouvoir de l’Islam en Algérie, avec notamment la mise en place de la charia, mais aussi l’interdiction de la mixité et l’obligation du port du voile pour les femmes. Le FIS porte également des mesures sociales, comme la réduction de la pauvreté.

Le 26 décembre 1991, des élections législatives sont organisées, et le FIS s’impose très largement au premier tour avec 48% des voix, ils obtiennent alors une énorme majorité des sièges de l’assemblée (118 sur 232). Ces résultats étonnants pour un parti très peu éthique s’expliquent par le fait que la majorité des votants sont des jeunes issus de bidonvilles qui ont été convaincus par les mesures sociales revendiquées par le parti.

résultats électorales 1991

La prise du pouvoir par l’armée:

Comme vous vous en doutez, cette victoire du FIS va créer une réelle division au gouvernement, puisque ces derniers sont opposés au président en cours, et que ce dernier, “Chadli Bendjedid”, se retrouve impuissant face aux députés extrémistes qui souhaitent imposer leur vision.

Ainsi, voyant que le président commence à céder, et que le second tour des élections législatives allait permettre une victoire écrasante du FIS, les généraux de l’armée Algérienne vont forcer le président à faire annuler les élections et à démissionner.

L’armée justifie ce coup de force par différentes raisons, comme la volonté du FIS de s’emparer du pouvoir par la force, mais aussi le fait que leur arrivée au pouvoir ruinerait politiquement et économiquement le pays, ils sont alors soutenus par les autres partis démocratiques qui les voient comme des sauveurs de la démocratie, ils gagnent donc de l’influence et du pouvoir.

L’armée choisit de nommer “Mohammed Boudiaf” à la présidence, un ancien combattant de l’indépendance et un membre fondateur du FLN.

La rupture entre les groupes terroristes et le gouvernement:

Le nouveau président, Mohammed Boudiaf, décide de faire arrêter la majorité des membres du FIS, quelque 30 000 personnes seront alors arrêtées (chiffre qui diffère selon les sources) et des camps dans le Sahara furent créés pour emprisonner tout le monde.

De nombreux agissements peu éthiques ont été effecuté, comme l’utilisation de la torture, et la détention de suspect sans procès ou preuves, le FIS fut alors dissoud le 4 mars 1992.

A partir de ce moment, le peu de membres du FIS restés en liberté prirent ces évènements pour une déclaration de guerre, le président Mohammed Boudiaf est assassiné le 29 juin 1992 par l’un de ses gardes du corps, un premier évènement violent d’une longue liste.

Déclanchement de la guerre et multiplication des groupes terroristes:

Dans les mois qui suivent le début de cette guerre civile, plusieurs groupes armés Islamistes verront le jour:

  • Le Mouvement Islamiste Armé (MIA), premier groupe terroriste du genre à être crée

  • Le Mouvement pour un Etat Islamique (MEI), un groupe allié du MIA

  • le groupe “Takfir Wal Hijra”, un groupe Egyptien qui est à l’origine des premiers combats, 

  • Le Groupe Islamiste Armée (GIA), un groupe qui sera par la suite opposé au MIA et au MEI.

En réponse à la création de tous ces groupes, l’État décide d’engager plusieurs composantes des forces de sécurité pour les combattre, comme la gendarmerie et l’armée, un total de 300 000 hommes sont engagés dans la lutte contre les groupes terroristes.

Rivalités et coalition entre ces groupes:

Malgré que les groupes terroristes aient les mêmes objectifs et qu’ils soient tous contre le gouvernement, des rivalités vont se créer, notamment entre le MEI et le GIA, en effet, Saïd makhloufi, fondateur du Mouvement pour un Etat Islamique, a accusé le GIA de dévier de l’Islam.

A partir de 1994, une union entre le MIA, le FIS et le MEI a vu le jour, c’est l’Armée Islamique du Salut (AIS), ce qui permet alors de renforcer le pouvoir du FIS, mais également d’écarter le GIA, un groupe jugé trop problématique à cause de ses attentats contre les femmes et les journalistes, et pour leur campagne d’incendies des écoles.

On retrouve ici un modèle similaire à la guerre d’Algérie, on a des affrontements entre le peuple et le gouvernement, mais également des affrontements au sein même du peuple, malgré que ces derniers désirent la même finalité, le pouvoir à la clé divise énormément (Ce qui rappelle les affrontements entre le FLN et le MNA).

L’apogée de la guerre:

La fin de l’année 1994 fut marqué par un accroissement de la violence, les récentes négociations entre le gouvernement et le FIS ont coupé court, et la guerre a été déclarée entre le FIS et le GIA, qui a renforcé ses attaques, avec notamment le détournement d’un Vol de la Compagnie Air France reliant Paris à Alger, mais également avec une augmentation des attentats et des meurtres de civils.

L’année 1995 marque l’apogée de la violence entre les groupes terroristes, avec notamment de nombreux meurtres des chefs du FIS par des membres du GIA, qui se focalisent désormais sur la lutte contre le FIS, qui sont devenu leur ennemi principal.

A partir de ce moment-là, la guerre prend un tout autre tournant, la violence ne vient plus des affrontements entre les civils et l’armée, mais bien des affrontements entre les différents groupes terroristes, qui sèment le chaos et massacrent en masse les civils.

L’année 1997 fut la plus sanglante pour les civils, tandis que les relations entre le gouvernement et le FIS s’apaisent, le GIA a perpétré des massacres d’une violence sans précédents, avec notamment le massacre de Rais, où 300 hommes, femmes et enfants furent tués à l’arme blanche, ces massacres sont d’une violence inouïe, avec des femmes enceintes éventrées et des jeunes filles kidnappées pour en faire des esclaves sexuelles.

En tout, plus de 20 massacres ayant fait plus de 50 victimes par village ont été perpétré entre 1997 et 1998, certains villages ont perdu la quasi-totalité de leurs habitants, c’est le cas du village de Thalit, où les membres du GIA massacrèrent 52 des 53 habitants du village.

Ce groupe terroriste vise les civils sans distinction d’âge ou de sexe particulière, ils ciblent malgré tout les villages au sud et à l’Est d’Alger, qui avaient voté en masse pour le FIS.

massacres GIA

L’apaisement des conflits:

Après une longue année de massacre de civils et d’affrontement entre les groupes terroristes, l’année 1998 signe le début du retour à la paix, le groupe du GIA fut, après investigation sur le terrain pour observer les massacres, condamné par l’Europe. 

La politique de massacres des civils divise même au sein du GIA, où plusieurs membres en désaccord décident de quitter le GIA et former un autre groupe moins violent, le “groupe salafiste pour la prédication et le combat” (GSPC).

Le nouvel échec des négociations pousse le gouvernement à dissoudre le FIS.

En 1999, de nouvelles élections furent organisées, et l’ancien combattant pour l’indépendance “Aziz Bouteflika” est élu président. Ce dernier poursuit les négociations avec l’AIS et finit par obtenir que le groupe terroriste pose les armes et dissoudent eux même le groupe. Pour obtenir cela, il a malgré tout dû accepter des concessions, comme l’amnistie d’un certain nombre de terroristes, ce qui a suscité le mécontentement de certaines victimes. 

Le progressif retour à la paix :

La violence a donc commencé à fortement diminuer et les différents groupes terroristes se font progressivement écroulés, l’AIS fut totalement dissoute le 1er Janvier 2000, le GIA fut déchiré peu à peu par les différentes opérations militaires entrepris par l’état, qui ont été aidé par les USA, qui ont lancés une guerre contre le terrorisme dans le monde à la suite du 11 septembre 2001.

Le GSPC est resté le seul groupe rebelle actif, ils ont continué leurs massacres envers l’armée et la police, mais également envers les civils, le groupe a finalement été chassé au Mali et au Niger. 

Ce conflit prend fin en 2002 avec la disparition de la grande majorité des groupes, dans les années qui suivent, on va chercher à maintenir la paix, en 2006, Bouteflika va proposer une loi d’amnistie déclarant l’impossibilité de tenir quelqu’un responsable pour des crimes commis durant cette guerre, le but de ces lois est de réconcilier la population afin de repartir sur de bonnes bases.

Ces lois, très controversée parmi les familles de victimes, mettent fin à un conflit qui déchira l’Algérie pendant plus de 10 ans, et qui ont causés la mort de 200 000 personnes, majoritairement des civils.