La fuite des nazis en Argentine:

En 1945, la seconde guerre mondiale se termine, le III Reich chute et l’Armistice avec l’Allemagne est signé le 8 mai 1945, malgré tout, beaucoup de nazis n’ont pas encore été éliminés, conscients du sort qui les attendent, beaucoup d’entre eux vont tenter de fuir l’Occident.
Plusieurs endroits s’offrent à eux, le plus célèbre est l’Amérique du Sud, grâce à sa position géographique très lointaine de l’occident, et également par l’hostilité des dirigeants Sud-Américains face aux démocraties occidentales.

Cette carte des empires coloniaux montrent que l’Amérique du Sud est le continent le plus épargné de la présence occidentale

carte des empires coloniaux

Parmi tous les pays du continent, un pays est privilégié, ce dernier est l’Argentine, un pays qui vient récemment de subir un coup d’état, qui veut du changement et qui souhaite moderniser son économie et se doter de scientifiques et de militaires de premier plan.
Le pays est également déjà lié au nazisme, car les deux dictateurs ayant dirigé le pays entre 1930 et 1940, Jose Felix Uriburu et Pedro Justo, étaient favorables au nazisme.

Situation de l’Argentine à partir de 43:

Après la guerre, l’Argentine est gouvernée par Juan Perón, un ancien colonel militaire ayant participé au coup d’État de 1943, qui a renversé la gouvernance de l’ancien président « Ramon Castillo ».

Photo de Peron

Perón n’a pas toujours occupé un poste important, il fut d’abord secrétaire pendant plus d’un an, et ce n’est qu’en février 1944 qu’il est nommé « ministre de la guerre».
Perón gravit les échelons, il s’impose de plus en plus et peut désormais prendre des décisions importantes, comme celle du 27 mars 1945, qui déclare la guerre à l’Allemagne et au Japon, le but était uniquement de se ranger du côté des USA, qui avaient annoncé que quiconque déclarait la guerre aux forces de l’Axe pourrait rejoindre leur futur organisation mondiale nommée « l’ONU ».

L’arrivée des nazis:

Le temps passe, la guerre se finit et Peron n’est toujours que ministre, c’est seulement en 1946, après avoir été emprisonné puis relâché, qu’il sera élu démocratiquement. Il commence alors son premier mandat, et c’est là que les anciens nazis entrent en jeu. En effet, Peron souhaite moderniser et relever son pays qui vient de vivre une décennie de crise, il veut donc avoir toutes les cartes en mains.
De plus, malgré qu’il ait déclaré la guerre aux pays de l’Axe en 1945 dans le but d’être bien vu des Etats-Unis et de sortir le pays de l’isolement, Peron est admiratif de l’Allemagne Nazie et de l’Italie fasciste, cela s’explique par la présence d’une forte diaspora Allemande et Italienne en Argentine.

Cela s’explique également par la rivalité historique entre l’Argentine et le Royaume-Uni, ce qui a renforcé le soutien des argentins à l’Allemagne nazi durant la guerre et ce qui explique qu’en 1940, l’Argentine accueille une entité pro-nazie, qui est contrôlée par l’ambassadeur d’Allemagne en Argentine, les nazis étaient donc déjà présents sur le sol argentin avec l’arrivée de Peron, mais ce dernier va y contribuer grandement.

Les réseaux d’exfiltration qui ont permis aux nazis de se rendre en Argentine:

Dès la fin de la guerre, l’Argentine met en place des réseaux d’exfiltration d’anciens nazis, ces réseaux secrets étaient en relation avec des agents en Italie, qui s’occupaient de donner des passeports Argentins aux anciens nazis et de les faire transiter dans des paquebots avec d’autres passagers anodins.
Cette immigration nazie a été facilitée par la forte présence Germanique en Argentine, où plus de 240 000 Argentins germanophones vivaient déjà, les nazis pouvaient donc passer inaperçus parmi tous les autres Allemands.
Le but ici pour Peron était de recruter des hommes avec des fortes compétences, comme des scientifiques, afin qu’ils mettent leur connaissance au service du pays (les USA ont également utilisé cette technique, en recrutant Wernher von Braun, l’inventeur du missile V2, l’ancêtre des fusées et des missiles balistique).

V2
Parmi tous les nazis qui ont été accueillis en Argentine, certains étaient des criminels de guerre notoires, c’est le cas de Joseph Mengele, ancien « docteur » du camp d’Auschwitz, surnommé « l’ange de la mort », il a réalisé de nombreuses expériences horribles sur les prisonniers déportés, notamment sur les bébés et les jumeaux.

Portrait de Joseph Mengele

Mengele

Il y a également Adolf Eichmann, l’un des principaux organisateurs de la « solution finale », qui trouva refuge en Argentine, avant d’être retrouvé par le Mossad puis jugé et exécuté, son jugement fut documenté par la philosophe et politologue Hannah Arendt, qui a écrit son ouvrage “La banalité du mal” en se basant sur l’analyse psychologique de ce personnage.

Photo prise lors du jugement d’Adolf Eichmann

Procès Eichmann

D’autres nazis notoires n’ont fait que passer par l’Argentine, c’est le cas de Klaus Barbie, surnommé le « boucher de Lyon », qui a ensuite rejoint la Bolivie pendant 25 avant d’être retrouvé et jugé.
Selon le centre Wiesenthal, un centre spécialisé dans la lutte contre l’antisémitisme et la traque des anciens nazis, un peu plus de 12 000 nazis ont pu rejoindre l’Argentine, et la majorité d’entre eux ont pu vivre une vie tranquille sans jamais être jugés pour leurs actes.