De 1945 à 1985, l’Albanie fut dirigée par un seul homme, le dictateur Enver Hoxha. Il fit du pays une dictature communiste et extrêmement répressive, mais à la différence de tous ses voisins d’Europe de l’Est, il n’était pas allié à l’URSS, ni aux USA et à la Chine, plongeant ainsi l’Albanie dans l’autarcie la plus totale.
Revenons sur cette dictature qui fit de l’Albanie la “corée du nord Européenne”
Biographie du dictateur :
Enver Hoxha naît en 1908 dans une ville d’Albanie méridionale, pays alors sous contrôle Ottoman. Il fera une carrière universitaire classique, il étudiera les sciences naturelles et fera une partie de ses études en France, c’est d’ailleurs ici qu’il se forme au communisme. Il enseignera ensuite dans un lycée Français, mais se fera virer en 1939 après avoir participé à une manifestation antifasciste, c’est le début de sa carrière politique.
Dès 1939, l’Albanie sera envahie par l’Italie, Enver commencera donc à organiser la résistance, il sera soutenu par le parti communiste Yougoslave et devient secrétaire général du parti communiste Albanais en 1941.
Il prend du pouvoir au fil des années et est placé à la tête du gouvernement provisoire Albanais en 1944, il commence à purger fortement le parti, s’imposant alors comme une figure autoritaire.
En décembre 1945, des élections truquées comportant une seule liste est présentée au peuple, Enver Hoxha sera donc “élu” président, l’Albanie devient la “République Populaire d’Albanie”.
L’Albanie sous le joug communiste :
Hoxha se revendique du Marxisme-Léninisme Stalinien, il va donc baser son régime sur le modèle Russe, et va par exemple confisquer les terres des grands propriétaires.
Au début, Staline n’apprécie ni lui ni son pays, mais la situation va changer lors de la rupture entre la Yougoslavie et l’URSS en 1948, il sera le premier dirigeant d’Europe de l’Est à critiquer la politique de Tito, le dirigeant Yougoslave, ce qui augmentera le soutien de Moscou envers son régime et lui permettra de renforcer son pouvoir.
Il crée une police politique, la SIGIRUMI, basée sur le modèle Soviétique, envoyant ainsi les opposants au régime dans des camps de travail similaires au Goulag.
La rupture avec l’URSS :
Staline meurt en mars 1953 et Khrouchtchev lui succède, il adopte une politique différente de celle du petit père des peuples et lance la “déstalinisation”, soit l’arrêt du culte de la personnalité accordé à Staline. Cette politique est inacceptable pour Hoxha, qui est un grand admirateur de Staline et de son modèle communiste dont Khrouchtchev s’éloigne, il coupera totalement les ponts avec l’URSS en 1960 en attaquant publiquement la direction du PCUS.
L’Albanie devient ainsi hostile avec les Soviétiques et les Yougoslaves, ils se retrouvent sans alliés et entourés d’ennemis. Mais cela est sans compter l’arrivée d’un autre pays communiste, qui vient tout juste de rompre ses relations avec l’URSS pour les mêmes raisons que l’Albanie, ce pays est la Chine.
La courte relation Sino-Albanaise :
En effet, la jeune Chine communiste de Mao Zedong se sépare également de l’URSS à cause de la nouvelle politique de Khrouchtchev, ils cherchent ainsi des alliés et vont conclure une alliance avec Tirana en 1961.
Comme il l’avait fait avec Staline, Hoxha va désormais s’inspirer de Mao, en recopiant par exemple la révolution culturelle, un mouvement politique dont le but était de purger le parti communiste Chinois et d’éliminer tous ceux considérés comme ennemi du parti, cette politique fera plus de 20 millions de morts. Dans cette volonté de s’inspirer de la Chine, Hoxha proclame l’Albanie comme le “premier Etat athée au monde”, il fera détruire tous les lieux de culte et enverra en prison tous les religieux.
Mais malgré cela, l’histoire se répète, au début des années 1970 la Chine se rapproche des USA, et en 1976 Mao meurt, la Chine change donc d’idéologie, des tensions se crée et en 1978 la Chine décide d’annuler les projets d’aides à destination de l’Albanie, la rupture était donc officielle.
L’Albanie isolée :
L’Albanie est désormais isolée dans son modèle communiste qu’elle est la seule à pratiquer, elle s’est mis les 3 grands, les USA, l’URSS et la Chine à dos, elle n’a plus aucun allié et est obligée de développer une politique d’autosuffisance pour survivre. Le pays deviendra totalement autarcique en limitant grandement les importations et les exportations, Hoxha tentera d’assurer une autonomie dans l’Agriculture, l’Industrie et l’énergie.
Mais le dictateur continue de régner comme il le souhaite sur le pays, et à la fin de sa vie il est touché par une forte paranoïa qui le pousse à faire des actions inexplicables, comme éliminer son seul allié et premier ministre depuis 1954, Mehmet Shehu.
Il va également organiser de nombreuses purges dans l’armée pour éviter une révolte, il enfermera des milliers de personnes tentant de quitter le pays et fera construire près de 700 000 bunkers, par crainte de se faire envahir.
Il finira par décéder en 1985, et un gigantesque Mausolée sera construit à Tirana en sa mémoire, ce dernier ne sera malgré tout jamais utilisé.
L’Albanie sortira finalement du communisme en 1991 comme tous les pays d’Europe de l’Est, mais l’impact qu’a eu Hoxha sur le pays restera gravé à jamais.