Le Front de Libération National est un parti politique Algérien fondé en 1954 avec comme but premier d’obtenir de la France l’indépendance de l’Algérie.
Pour obtenir l’indépendance, le FLN sera aidé de sa branche armée, l’Armée de Libération Nationale (ALN), qui pendant près de 8 ans va mener une guerre sanglante afin de lutter contre la domination et la répression Française.
Le FLN est aujourd’hui respecté et reconnu comme des héros nationaux qui ont permis la création de l’Algérie en tant qu’Etat indépendant. Malgré tout, les moyens extrêmes et la violence (envers les Français ou même envers les Algériens) qu’ils ont utilisés pour obtenir cette indépendance peuvent remettre en cause la légitimité de ce parti.
Petit disclaimer : Je ne suis en aucun cas partisan de l’Algérie Français, et même si au cours de cet article je me focalise sur les actes répréhensibles commis par le FLN, je ne nie et je n’écarte en aucun cas la violence et les horreurs qu’ont commis les autorités Française, que ce soit en Algérie ou même en métropole contre les partisans de l’Algérie indépendante.
Contexte :
L’Algérie devient une possession française à partir de 1830, elle prend le statut de département Français, un titre qui la lie étroitement à la métropole, elle n’est donc pas une simple colonie.
Malgré cela, le traitement des Français envers les Algériens est très loin d’être irréprochable et les idées indépendantistes se développent de plus en plus, notamment à la fin de la première guerre mondiale, car de nombreux Algériens demandent plus de droits en reconnaissance de leur mobilisation durant la guerre.
carte montrant l’évolution territoriale de l’Algérie Française
En 1926, L’Etoile Nord Africaine est créée, c’est à la base une association qui deviendra ensuite un parti politique qui milite pour l’indépendance, c’est le premier parti indépendantiste à avoir été créé, il sera dirigé par Messali Hadj, qui est le père du nationalisme Algérien.
La mentalité nationaliste continua de se développer jusqu’à la seconde guerre mondiale, où l’Algérie a joué un rôle crucial, en effet, elle permet aux Alliés, et notamment aux résistant Français, d’obtenir un territoire qui leur donne accès à la Méditerranée, alors contrôlée uniquement par les forces de l’Axe (Italie de Mussolini, France de Pétain, et Espagne de Franco hostile aux alliés.)
Le 3 juin 1943, le Général De Gaulle crée le “Comité Français de Libération Nationale”, ce comité s’installe en Algérie et Alger est sacrée “capitale de la France libre.” Par la suite, de nombreux Algériens seront recrutés au sein de l’Armée française de libération, ils seront placés notamment sur les fronts italien et Français.
De 1943 à 1945, plus de 300 000 Algériens combattront pour la France, et lors de l’indépendance, les Algériens musulmans (qui ne sont pas des Français vivant en Algérie) demanderont l’indépendance en reconnaissance de leur participation.
Le 8 mai 1945 en Algérie prend alors la forme de multiples manifestations pour l’indépendance, menée notamment par Messali Hadj, qui était alors le chef du principal mouvement nationaliste, le PPA. Ces manifestations seront très fortement réprimées par les autorités françaises, il y aura plusieurs massacres dans les différents villes, notamment à Sétif, Guelma et Kherrata. En tout, les autorités Françaises massacreront entre 20 et 30 000 Algériens (chiffres débattus), un évènement atroce qui annonce la couleur pour les années à venir.
Dans les années qui suivent, la volonté d’indépendance s’est propagée davantage au sein du peuple, jusqu’à atteindre l’année 1954, date du début de la guerre mais également de création du FLN.
Création du FLN :
Le Front de Libération Nationale est fondé le 23 octobre 1954, ce parti naît d’une coalition entre les principales figures de l’indépendantisme Algérien, ils sont pour la plupart issus du “Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques” de Messali Hadj, mais jugeant que ce dernier était trop attentiste et pacifique, ils ont décidé de prendre les armes.
Logo du FLN
L’ambition principale de ce parti est d’atteindre l’indépendance, les membres du FLN savent qu’il ne sera pas facile de se débarrasser de la France, car l’Algérie a un statut particulier, elle n’est pas un protectorat comme le Maroc, la Tunisie ou les autres colonies Françaises, l’Algérie est considéré comme un territoire et un département Français, ce qui lui donne une extrême proximité avec celui dont elle veut se débarrasser.
Face à cette situation difficile, les membres du FLN vont devoir, comme beaucoup d’indépendantistes, user de la violence.
Début de la guerre:
La première apparition publique du FLN se fait le 1er novembre 1954, où le groupe commettra plus de 30 attentats, en se focalisant notamment sur l’armée française, les installations militaires, les bâtiments publics et les commissariats, le bilan sera de 8 morts dont 4 civils. Le FLN fera alors passer des messages dans la presse, ils déclarent vouloir un “État algérien souverain démocratique et social dans le cadre des principes islamiques” et déclarent vouloir l’obtenir par tous les moyens.
Début du massacre de civils :
A la suite des attentats qui déclenchent la guerre d’Algérie, de nombreuses autres attaques surviendront, les membres du FLN vont d’abord cibler les Algériens musulmans proches des Européens, le but est de terroriser la population et de créer une séparation entre les indigènes et les Français d’Algérie.
De Novembre 1954 à Avril 1955, près de 404 attentats seront perpétrés, avec plus d’une centaine de morts d’indigène dits “francophiles”.
Massacres du Constantinois :
La guerre continue et les violences s’intensifient de tous les côtés, et notamment du côté du FLN, qui ont perpétré de nombreux massacres du 20 au 26 août 1955 dans la région du Constantinois, au nord-est du pays.
En effet, ces massacres ont été perpétré par le FLN avec toujours le but de susciter la peur chez les ennemis colons mais également chez les musulmans qu’ils jugeaient trop proches de ces colons.
Le 20 juin 1955, plusieurs milliers d’hommes, qui sont pour la plupart des paysans recrutés/forcés par le FLN, équipés d’armes diverses se lancent à l’assaut d’une quarantaine de villes/villages, ils assassinent à coup de haches et de pioches les Français et les musulmans “complices”.
Ils s’en prendront également aux militaires lorsqu’ils interviendront, le bilan sera de 47 policiers et plus de 200 civils tués (le bilan sera également extrêmement lourd des indépendantistes, avec plus de 3000 morts Algériens lors des répressions).
De nombreuses horreurs seront commises, notamment à El Halia, où 13 enfants, dont 2 bébés, seront tués, soit par égorgement soit en les lançant contre les murs.
Rivalités entre le FLN et le MNA:
Le Mouvement National Algérien est un parti indépendantiste fondé par Messali Hadj, le père du nationalisme Algérien. Le MNA était structuré comme un parti politique où tout le monde se connaissait, à la différence du FLN qui se présente comme une organisation clandestine et militaire hiérarchisée.
Ce qui explique que malgré leur but commun d’attendre l’indépendance, une forte rivalité naîtra entre les deux groupes.
En effet, le FLN va dès le début tenter de détruire les capacités du MNA à agir, notamment en tuant en masse leurs partisans, comme lors du massacre de Melouza.
Le massacre de Melouza :
Le massacre de Melouza est un crime de masse qui s’est déroulé le 28 mai 1957, il est commis par le FLN contre les 374 habitants du village sous l’unique prétexte qu’ils étaient partisans du MNA, le but était alors de réduire l’influence du MNA mais également de créer la peur dans la population pour qu’ils deviennent partisan du FLN.
Le matin du 28 mai, plus de 400 hommes de l’Armée de Libération Nationale (branche armée du FLN) s’introduisent dans le village et l’encercle, les soldats de l’ALN feront sortir tous les hommes du village et les abattrons au fusil, au couteau et à coup de pioche. Au total, le massacre fera 338 victimes.
Les affrontements entre les deux groupes ont duré pendant toute la guerre, car les deux (et principalement le FLN, qui fut largement le groupe le plus virulent) savaient qu’au moment de l’indépendance, ce serait le groupe le plus puissant qui prendrait le contrôle du pays.
Ces affrontements entre le FLN et le MNA on fait plus de 6000 morts et 4000 blessés uniquement en Algérie, les comptes se doublent quasiment si l’on ajoute les victimes de France.
Le FLN en France :
Avant l’année 1958, le FLN n’était que très peu implanté en France, contrairement au MNA qui lui était populaire.
A partir du 26 août 58, le FLN débarqua en France et commit une série de 15 attentats qui ont fait plus de 20 morts en une nuit, en ciblant principalement des postes de polices et des sites militaires.
Ces attentats ont pour but de susciter la peur dans la métropole afin que les Français accordent l’indépendance, mais la majorité des combats se feront contre le MNA.
En effet, de 1956 à 1961, les affrontements entre le FLN et le MNA en France ont fait aux alentours de 4000 morts.
Le 17 septembre 1959, le FLN tentera même d’assassiner Messali Hadj, un épisode marquant de cette guerre fratricide.
l’impôt révolutionnaire :
Le FLN et l’ALN avaient besoin de beaucoup de fonds pour financer notamment leur approvisionnement en armes, ils ont donc décidé de motiver (ou plutôt forcer) les Algériens à leur donner des fonds.
C’est principalement auprès des Algériens de France qu’ils allaient récolter ces fonds, la collecte s’effectuait chaque mois, avec une cotisation comprise entre 5 et 9% du salaire, mais également lors de contributions exceptionnelles 2 ou 3 fois par an lors de fêtes.
En tout, près de 40 milliards d’anciens francs ont été récoltés auprès des 350 000 Algériens de France.
Les massacres après le cessez-le-feu :
Le 18 mars 1962 est signé les accords d’Evian, soit la fin des hostilités entre la France et l’Algérie, et la très prochaine proclamation de l’indépendance algérienne.
Le FLN s’impose alors comme les leaders Algériens, et vont mener une guerre sanglante contre les Européens et les Harkis (Algériens ayant combattu pour la France durant la guerre).
Malgré le fait que les accords d’Evian dictent qu’aucun Algérien ne doit être empêché de quitter le territoire, et que l’amnistie générale des crimes commis pendant la guerre doit être appliquée, dès le lendemain du cessez-le-feu, entre 30 et 80 000 Harkis (et leurs familles) sont torturés et massacrés par des membres/partisans du FLN.
De nombreux Européens seront également enlevés, notamment dans la ville d’Oran, où le FLN établit des barrages sur les routes que prennent les Européens pour aller travailler, les enlèvement seront quotidiens et toucheront même des Algériens. Il y aura des pics d’enlèvement, notamment du 26 au 29 juin 1962, où près d’une centaine de personnes seront enlevées.
Massacres après l’indépendance :
Le 3 juin 1962, le Général De Gaulle annonce officiellement l’indépendance de l’Algérie.
Malheureusement qui dit pouvoir dit conflits, et le FLN, qui devient alors parti unique et dirige le pays, commence à se diviser afin de savoir quel membre prendra véritablement la tête du pays.
Des tensions se créent entre le Gouvernement provisoire, déterminé par la France lors de la signature des accords d’Evian, et des ultra de l’ALN, qui souhaitent donner le pouvoir à Ahmed Ben Bella, un membre du FLN bien plus radical que ceux du gouvernement provisoire.
Ces tensions se concrétisent lors des manifestations d’Oran du 5 juillet 1962.
Le but de ces manifestations était à l’origine de célébrer l’indépendance, l’ALN devait notamment hisser un drapeau Algérien sur la mairie d’Oran. Des banderoles anti-benelliste seront présentes, avec des slogans comme “Non au culte de la personnalité”.
Cette manifestation alors favorable au Gouvernement Provisoire se déplace vers les quartiers Européens lors qu’une fusillade éclate, les membres de l’ALN vont alors massacrer de nombreux Européens, aussi bien ceux présents dans la rue que ceux dans les appartements, où les membres de l’ALN vont s’introduire dans les domiciles pour égorger tous les Européens qu’ils voient, la torture sera également utilisée en masse. En tout, des centaines d’Européens seront tués lors de cette fusillade, et plus de 200 autres seront enlevés puis amenés dans des commissariats dans les heures suivant la fusillade, ils seront alors tués dans les commissariats.
L’historien Jean-François Paya considère que les coups de feux qui ont fait dégénérer la manifestation pro GRPA (le gouvernement provisoire) est un coup des partisans de Ben Bella, dans le but de décrédibiliser le gouvernement provisoire et de leur faire perdre du pouvoir.
Sources :
(Guerre d’Algérie — Wikipédia)
(Front de libération nationale (Algérie) — Wikipédia)
(1er novembre 1954 - «Toussaint rouge» en Algérie - Herodote.net)
(Quand la France payait l’“impôt révolutionnaire” au FLN algérien)
(Qu'est-ce que le mouvement national algérien (MNA) ? - (6/9) - YouTube)