La république de Nauru est une petite île de 21km2 située en Micronésie, elle ne compte que 9800 habitants et fait partie des plus petits États du monde. Si aujourd’hui l’île est tombée dans l’oubli et qu’elle baigne dans la misère, avec un taux de chômage de 90%, elle fut dans les années 70 le second PIB par habitant du monde derrière les USA.

Retour sur la descente aux enfers de ce pays :

Histoire de Nauru :

Nauru fut colonisée par l’Allemagne en 1888, à l’origine ce n’est qu’une petite île d’Océanie, mais elle prend fortement de la valeur dès 1900, lorsque d’énormes gisements de phosphate sont découverts. En effet, le phosphate est une ressource fossile utilisée dans l’engrais, la lessive ou encore comme additif alimentaire.

L’extraction commence en 1906 et très vite Nauru attire de nombreuses compagnies minières, l’île passera sous possession australienne en 1914 et ces derniers utiliseront les ressources de phosphate pour alimenter leur agriculture.

Installations pour le traitement du phosphate :

chinois phosphate

Malgré l’argent que génère le phosphate, les Nauruans ne perçoivent rien de ces richesses car tout revient à l’envahisseur. C’est pour cette raison qu’en 1968, l’île déclare son indépendance, ce qui signe le début de la folie des grandeurs.

L’enrichissement:

A partir de 1968 donc, tous les revenus provenant du Phosphate reviennent aux Nauruans. Le gouvernement récemment élu entend mener une politique socialiste afin d’enrichir son peuple, ils nationalisent toutes les entreprises d’extraction et génèrent d’immense richesse.

président Nauru

Le gouvernement socialiste assure la gratuité de l’eau, de l’électricité et des soins aux citoyens Nauruans, ces derniers n’ont même pas besoin de travailler car l’extraction est faite par des travailleurs immigrés Chinois. 

En 1974, la petite île fait 225 millions de bénéfices, et le PIB par habitant est le 2ème plus élevé au monde, soit 3x plus qu’aux USA. En plus de cette richesse, le gouvernement décide de donner de nombreux biens au peuple, comme plusieurs voitures par foyers et de nombreux appareils technologiques dernier cri. 

Malgré cette grande prospérité, on sait depuis 1960 que les réserves de phosphates s’épuiseront avant la fin du siècle, il est donc crucial d’assurer la prospérité de l’île en investissant. Mais le gouvernement, n’ayant pas de qualification en finance et étant obnubilé par la richesse produite par le phosphate, n’a pas réellement réfléchi à ses placements, les investissements se verront être des gouffres financiers, comme le financement de la compagnie aérienne air nauru ou la construction de building aux USA et en Australie, qui ne rapporteront aucune plus value. 

A partir des années 1990, la production du phosphate diminue jusqu’à chuter totalement, c’est le début du déclin.

Le retour à la misère :

Désormais à sec de ses réserves, les ravages de cette économie minière sont désormais visibles, 80% de l’île a été creusée et les Nauruans sont incapable de réagir face à la crise, ces derniers ont été habitués à voir l’argent couler à flot sans rien faire, beaucoup d’entre eux n’ont jamais travaillé de leur vie. 

nauru

En effet, l’enrichissement de l’île a eu pour conséquence la perte de toute culture, la pêche, qui était à l’époque un métier très répandu, fut délaissée pendant près de 50 ans et le savoir faire s’est perdu. Des compétences simples comme le ménage ou la cuisine se sont également perdues, car chaque foyer possédait une femme de ménage financée par l’État, et les Nauruans se nourrissaient essentiellement de plats préparés par les immigrés Chinois.

Également, la folie des grandeurs qui a touché le gouvernement par l’achat de nombreuses voitures et objets de technologies pose désormais problème, l’île est jonchée de carcasse de voitures et d’autres objets abandonnés, les Nauruans préférant racheter plutôt que réparer. 

pullution

La mauvaise gestion économique a eu pour conséquence de conduire l’île à la misère dès que les revenus du phosphate se sont arrêtés, l’île a dû se reconvertir dans d’autres domaines pour tenter de rembourser ses dettes : reprise de la chasse à la baleine, vente de ses building, mais également elle plonge dans l’illégalité, avec la vente de passeport, la présence de société écran ou encore le blanchiment d’argent : on estime que la mafia Russe aurait blanchi près de 70 milliards durant l’année 1998. 

Aujourd’hui, le bilan de l’île est catastrophique, un taux de chômage de 90%, le plus haut taux de surpoids du monde avec 95% de sa population et une île ravagée par les exploitation et la pollution. 

Les Nauruans auraient dû jouir d’une économie prospère pendant encore bien des décennies, mais la mauvaise gestion de leurs richesses et leur folie des grandeurs a entraîné l’île vers la misère.